Article publié dans le magazine Télérama à propos du documentaire “L’Homosexualité au cinéma, les chemins de la victoire” de Sonia Medina, diffusé sur Ciné+ Classic le 22 juin 2024.
“Le sujet, passionnant, peut-il être résumé en cinquante-deux minutes ? C’est le pari de ce documentaire réalisé par Sonia Medina, coécrit avec le journaliste Alain Riou, qui aborde, forcément au pas de course, ce vaste sujet de la représentation de l’homosexualité au cinéma. À travers un empilement d’archives et d’exemples, entrecoupés de commentaires de l’érudite Anne Delabre, journaliste et fondatrice du ciné-club Le 7e genre, le film montre comment réalisateurs et réalisatrices se sont toujours arrangés avec la censure et le pouvoir en place, en France et aux États-Unis, afin de parvenir à représenter une sexualité jugée différente, dérangeante, voire criminelle.
Alors que l’homosexualité était présente dès les débuts du cinéma (voir The Gay Brothers, 1895), le code Hays de 1930 et ses directives strictes en ont empêché toute représentation frontale. Une interdiction détournée par des clins d’œil et messages plus ou moins subliminaux, comme Cary Grant le fait dans L’Impossible Monsieur Bébé, de Howard Hawks (1938). Si la Nouvelle Vague apparaît à ce sujet « conservatrice », voire « rétrograde », d’autres films français, comme Un éléphant ça trompe énormément (1976) ou Nous irons tous au paradis (1977), avec par deux fois Claude Brasseur dans le rôle d’un homo, ont participé à l’évolution de la société. Sans oublier la tragédie du sida, représentée dans l’incontournable Philadelphia aux États-Unis ou Les Nuits fauves en France. Un doc un peu fourre-tout mais passionné, donnant envie de (re)voir tous ces films. Et c’est bien l’essentiel.” (Caroline Besse, 19 juin 2024)